Les CG, sportives françaises “ultra-light”

Le Monde.fr | | Par Jean-Michel Normand

Le Garage du cœur, rubrique auto rétro de “M”, s’intéresse cette semaine à CG, éphémère petite marque hexagonale qui, entre 1966 et 1974, fit gentiment la nique aux Alpine et aux Matra…

Qui se souvient de CG ? Dans les livres – et les encyclopédies – consacrées à l’histoire de l’automobile, on en trouve hélas pratiquement aucune trace. Cet artisan constructeur a pourtant laissé à la postérité d’épatantes petites voitures sportives ultralégères. Celui qui fêtera son cinquantenaire au salon Rétromobile (3-7 février à Paris-Expo, porte de Versailles) renvoie à un temps où l’on comptait autant de marques françaises qu’il existe aujourd’hui de chaînes de télévision sur le câble. Fondée par les trois frères Chappe, carrossiers plutôt doués, associés à Amédée Gessalin– d’où le C et le G – , la société CG se spécialise dans les carrosseries en polyester armées de fibre de verre. Une approche très moderne qui offre un appréciable gain de poids.

De la Simca sous le capot

Le savoir-faire de CG, entreprise installée rue du Coq-Gaulois à Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne), lui vaut d’être sollicitée par des constructeurs ayant pignon sur rue tels Alpine, Charles Deutsch, René Bonnet ou encore Matra, pour réaliser des prototypes et des modèles de compétition. Voilà qui finira par donner des idées aux associés qui décident, en 1966, de fonder leur propre marque.

Gessalin fils dessine un petit coupé sportif et, pour la partie mécanique, un accord est trouvé avec Simca. Le coupé Sport 1000, équipé d’un moteur de Simca 1000, apparaît en 1967. Il sera suivi l’année suivante par le coupé 1200 qui hérite du moteur de la Simca 1200 et sera le modèle de loin le plus diffusé de CG. En 1972, le coupé 1300 pétarade grâce au moteur de la Simca 1000 Rallye2, modèle iconique des jeunes gens à blouson de cuir court et pantalon à pattes d’éléphant. Les CG reprennent des éléments (compteurs, feux arrières) fournis par Simca mais la mécanique, certes de même origine, est revue et corrigée pour en tirer des puissances bien supérieures (170 ch et jusqu’à 225 ch sur le modèle de compétition). De quoi offrir des accélérations redoutables compte tenu de la légèreté de l’ensemble.

Un logo signé Uderzo

logo-coqSi la Simca 1000 Rallye2 se présente comme l’anti-R8 Gordini, la gamme CG se pose comme une alternative aux Alpine. Les CG sont moins puissantes et moins viriles que la marque de Renault mais elles sont bien plus légères et moins chères. La Matra Djet, autre petite sportive populaire, se trouve aussi dans la ligne de mire des CG dont le logo, un coq très franchouillard, sera dessiné par Albert Uderzo. Artisan constructeur, CG enchante les apprentis pilotes et leur propose avant l’heure de personnaliser leur voiture en choisissant la couleur qui leur chante (il n’existe pas de nuancier préétabli), les équipements dont ils ont besoin et même la puissance du moteur. Destinée à la course, la CG-MC à moteur central qui ne pèse que 548 kg, sensiblement moins qu’une Alpine A110, se forge un enviable palmarès. En 1973, elle décrochera 22 victoires en rallye.

Hélas, cette même année sonne la fin des illusions pour CG, victime du désintérêt de Simca-Chrysler, du choc pétrolier et des restrictions apportées à la compétition automobile. En 1974, le coq gaulois devra baisser pavillon. Au total, CG a produit 395 voitures dont les … possesseurs de un ou plusieurs modèles, conservent pieusement le souvenir.

(http://www.lemonde.fr/m-voiture/article/2016/01/22/les-cg-sportives-francaises-ultra-light_4851902_4497789.html)